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dimanche, mars 7 2010

LE CHAMP DES ÉCONOMIES ALTERNATIVES DANS LA CRISE MONDIALE : REPONSES

RÉPONSES

 

 

Il est vrai que les mots qui comportent d’importantes extensions sémantiques allègent le texte au détriment de sa précision. En sociologie, je constate aussi la même tendance comme, par exemple, habitus, trajectoire sociale, mème, etc …

 

1/         Processus[1] de coopération : De façon générique, le mot processus désigne une suite d'états ou de phases de l'organisation d'une opération ou d'une transformation (wikipédia). La thèse d’Axelrod montre comment se développe la relation de coopération depuis la décision de principe (parfois implicite) jusqu’à ses résultats. Le mot processus a glissé, peu à peu, de l’avancement dans le temps d’un phénomène à celui d’avancement d’opération industrielle, puis d’opération sociale ou politique, puis d’opération virtuelle. Dans le contexte, il s’agissait de comparer les processus de coopération aux processus individuels, à énergie constante.

 

2/         La question posée est : Est-ce que (pour la même énergie mise en œuvre) le processus de coopération est plus efficient que les processus individuels ? Efficient dans le sens : qui produit un effet.

 

3/         Dans le contexte « règle de décision » vise une manière habituelle simple de réagir à une situation, du type : je mets un sucre dans mon café ; ou dans un labyrinthe, je suis le mur de gauche ; ou, dans la thèse d’Axelrod, à chaque refus de coopérer, je réponds par un (deux) refus de coopérer ; etc ...  En fait, les règles de décision auxquelles fait référence la thèse d’Axelrod sont plutôt un ensemble de règles simples à caractère logique, qui peuvent être traduites par un programme informatique : chaque programme joue contre tous les autres.

 

4/         Efficience d’un système est un abus de langage pour efficience du fonctionnement d’un système. Certains se rappelleront  avec nostalgie comment fonctionnent les Shadocks.

 

5/         Rendements potentiels : Rendements potentiels a été mis au pluriel afin de compléter l’idée. Nous parlons de systèmes où existent de nombreux flux en entrées et sorties et, parfois, de nombreux produits en sortie. Pour donner un exemple simple : dans une bagnole, tu fais entrer de l’énergie (carburants) et de la monnaie ; une grande partie de l’énergie diffuse (sortie) et la bagnole produit des km de déplacement ou de transport de poids et de valeurs. En pratique, il faut calculer le rendement de tous les flux pour approcher le rendement global d’un système, d’une part ; d’autre part, la théorie du chaos fait émerger la logique des « situations naturelles possibles », donc par extension « des rendements naturels possibles ». Conséquence : chaque fois que dans un système dynamique tu as la possibilité d’ériger une de ses variables en constante, tu modifies le champ du possible de la variation des autres. Par exemple, si tu veux gagner 15%  de ton investissement sur la soupe à la courge, cela veut dire (peut-être) que le travail nécessaire ne peut être rémunéré, au maximum qu’à 5 € de l’heure ; etc …

 

6/         Robustesse : À mon avis, la notion de robustesse d’un système couvre trois situations : 1/ Les systèmes dynamiques à temps caractéristique[2] très long (système solaire, par exemple) ; 2/ Les systèmes dynamiques en équilibre parfaitement régulés (par exemple, le cerveau) : homéostasie ; 3/ Les systèmes statiques (par exemple, les corps solides). Jusqu’à une date très récente (disons 1960 en France), les systèmes géographiques locaux pouvaient être qualifiés (au moins statistiquement) de système dynamique en équilibre homéostatiques, donc plutôt robustes ; au recensement de 1982 apparaissent les premiers signes d’une augmentation significative du métabolisme local des territoires ruraux ; les recensement suivants devaient confirmer une augmentation (de type exponentiel) des métabolismes locaux sur pratiquement tous les flux économiques.

 

7/         Efficience et efficacité : La guerre sémantique fait rage entre les deux termes. Une action efficiente (qui a un effet) n’a pas le même sens qu’une action efficace (qui a l’effet recherché). Dans le contexte, l’efficience de la coopération apparaît comme une vérité scientifique, au moins provisoire ; par contre (nous sommes bien placés pour le savoir), l’efficacité de la coopération n’apparaît pas comme une évidence et nous confronte à plusieurs difficultés : 1/ la définition de l’objet du processus ; 2/ les valeurs logique, économique et éthique de l’objectif ; 3/ ses représentations ; 4/ le respect de la règle de coopération. A priori, il me paraît acquis que, en matière de développement local (mais en général, de gouvernance des systèmes géographiques locaux), la règle de coopération doit être reconnue comme équitable par tous les usagers et maintenue par eux en temps réel.

 

8/         Coopération. Les travaux de Robert AXELROD, dont la synthèse fut publiée en français[3], apportent une réponse à la question de l’efficience[4] comparée des processus de coopération* à ceux du chacun pour soi ; ce furent des travaux de grande ampleur, habituels de la recherche américaine lorsqu’elle s’occupe sérieusement d’un sujet. Réponse, à mon avis, actuellement acquise, au moins en ce qu’elle concerne les systèmes locaux en équilibre et suffisamment pérennes. La thèse de Robert AXELROD montre des écarts d’efficience de 1 à 6 suivant la règle de coopération choisie[5] ; je propose de considérer qu’il existe une corrélation positive entre l’efficience d’un système et ses rendements potentiels ; proposition qui semble logique de prime abord mais n’est pas démontrée[6]. La thèse montre aussi deux points importants pour cette communication : 1/ Elle réduit la part opérationnelle de la décision stratégique à sa plus simple expression, la règle de décision. 2/ Elle démontre la relation entre la simplicité de la stratégie individuelle des acteurs et son efficacité : alors que nous avons tous appris la stratégie comme l’art des décisions complexes. 

 



[1] Processus (wikipédia) : De façon générique, le mot processus désigne une suite d'états ou de phases de l'organisation d'une opération ou d'une transformation. Processus et procédure ne peuvent se rejoindre dans la finalité. Toutefois, nous pouvons reconnaître un processus par sa souplesse et la procédure par sa rigidité. Les deux peuvent comporter des étapes et des règles. Tandis que dans le système du processus elles peuvent être transgressables, dans celui de la procédure elles sont incontournables. Ainsi, nous pouvons parler de "cahier de procédures", tandis que le processus laisse une marge (parfois très large) à l'improvisation.

[2]Le temps caractéristique d’un système est la durée nécessaire afin qu’une faible variation des données originelles d’un système dynamique non linéaire soit multipliée par dix.

[3] Robert AXELROD (1992) Donnant Donnant : une théorie du comportement coopératif Odile Jacob

[4] Dans le sens : « Qui produit une effet. »

[5] Comme si un agriculteur, suivant sa méthode d’exploitation, obtenait des récoltes variant de 10 à 60 quintaux à l’hectare. 

[6] Les travaux d’Elinor OSTROM, prix Nobel d’économie 2009, démontreraient l’efficacité supérieure (à une gestion privée) de la gestion par les usagers de leurs biens communs.