DÉVELOPPEMENT LOCAL

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samedi, mars 24 2012

LE CHOIX DE LA PUISSANCE

INTRODUCTION

Depuis 1990, le développement d’internet se focalise sur la variable débit d’accès au système pour la raison évidente[1] qu’il conditionnait le confort d’utilisation des acteurs. Alors que le potentiel développement local d’internet repose d’abord sur la puissance du réseau social local formaté par le réseau physique de télécommunication. Il convient (1) d’abord de définir la notion de puissance d’un réseau ; (2) ensuite de trouver la bonne échelle de mise en œuvre de la puissance d’un tel réseau ; (3) puis de régler la difficulté de l’autocontrôle du réseau local ; (4) alors proposer une hypothèse à peu près acceptable sur le comment cela fonctionne efficacement ; (5) enfin, répondre à la question si internet est un système en équilibre ou non (chaotique), les choix de maîtrise du système n’étant pas les mêmes selon la réponse. Le choix de la puissance exprime une préférence ; il n’invalide nullement les autres choix possibles parmi les  mix : politique, technique, topologie, architecture, juridique, etc … offert par la mise en œuvre d’internet.

 

LE CHOIX DE LA PUISSANCE

(définitions wikipedia)

1                 Dans le sens commun, la puissance est la quantité de pouvoir (d'un individu, d'un groupe, d'un pays, etc.), voire est synonyme du pouvoir.

2                 En physique, la puissance est la quantité d'énergie par unité de temps qui peut être fournie[2] par un système à un autre. La puissance correspond donc à un débit (potentiel) d'énergie : deux systèmes de puissances différentes pourront fournir le même travail (la même énergie), mais le système le plus puissant sera le plus rapide.

3                 En physiologie musculaire et sportive, la puissance est le produit de la vitesse de contraction par la force déployée, exprimée en watts (définition rejoignant la définition physique).

(dans la présente note)

4                 Préconception : les processus biologiques et sociaux, pour perdurer à long terme, commettent toujours le choix de la puissance plutôt que celui de la vitesse.

5                 La notion de puissance s’appliquera à la quantité d’énergie qu’un réseau social est capable, par construction, de mettre en œuvre.

6                 En pratique, le réseau internet qualifie deux réseaux fonctionnant ensemble : (1) un réseau physique où la puissance du système peut être définie par des unités physiques ; (2) un réseau social où la puissance du système dépend de la quantité d’énergie consacré au système par ses acteurs.

7                 En tant que géographe du développement local, le choix de la puissance repose sur une analogie facile : certes le soleil délivre de l’énergie disponible, mais c’est la structure du capteur que mettront en place les (le) acteurs locaux qui déterminera la puissance du système. Mutatis mutandis,  le stock de connaissances et d’informations mondiales constitue l’équivalent énergie que rend disponible aux acteurs le réseau physique internet.

8                 En matière de réseaux sociaux, il existe une confusion sémantique entre la notion de pouvoir, qui est une relation entre acteurs, et celle de puissance, qui qualifie chaque acteur ; comme l’indique la définition 1 de wikipedia. L’ensemble de l’énergie mise en œuvre  dans un réseau social est une somme vectorielle (qui tient compte du sens et de la direction de l’énergie employé par chaque acteur), pas une somme arithmétique. Ce qui signifie que la résultante de l’énergie mise en œuvre par un réseau social peut être positive, négative ou neutre.

01             Puissance d’un réseau social[3]

9                 La puissance du réseau physique internet mondial disponible en local a valeur de paramètre  pour l’acteur local lambda. Il importe d’abord de définir la topologie et l’architecture d’un réseau social susceptible de capter et mettre en œuvre le potentiel connaissances et informations du réseau mondial, afin d’en établir sa puissance. Je propose de considérer que la puissance d’un réseau social dépend de deux variables : (1) la densité des relations symétriques entre ses acteurs ; (2) la somme des énergies que chaque acteur consacrera à l’obtention de la production du réseau. J’appelle cette énergie le capital social de chacun en proposant qu’il comporte trois dimensions : matérielle, culturelle et relationnelle. (En pratique, chaque acteur consacre seulement au réseau social les degrés de liberté dont il dispose de son capital social.) Posons que la puissance d’un réseau social, formaté par un réseau physique de télécommunication, est fonction de sa densité et de son capital social.

10             Dans un raisonnement logique relatif aux réseaux sociaux, nous devons transcrire la notion physique de somme vectorielle des énergies mises en œuvre. L’analyse du fonctionnement des systèmes produisant du développement fait émerger la notion de stratégie d’acteur et de convergence (ou non) des stratégies d’acteurs d’un réseau social. Posons que la puissance vraie d’un système de réseau social formaté par un réseau physique de télécommunication dépend de la convergence des stratégies individuelles des acteurs en une stratégie commune ; en remarquant que la définition des relations symétriques (le contrat social local), tant physiques que sociales, dans un tel réseau, peut organiser la convergence des stratégies individuelles.

02             Pourquoi la sous-boucle locale ?

11             Le réseau de topologie tétraédrique représente le réseau social de puissance le plus simple à imaginer : chaque pôle du réseau se trouve en relation directe et symétrique  avec les trois autres[4]. Nous pouvons développer un réseau tétraédrique par couches successives. À partir de la deuxième couche, chaque pôle du réseau se trouve en relation directe et symétrique avec douze pôles ; donc ouvre 12 voies de redondance possibles, tant en débit montant que descendant. Deux architectures de réseau local peuvent être développées a priori : (1) celle que nous pourrions nommée « hypertétraèdrique » qui consisterait à établir une relation directe et symétrique entre tous les pôles d’un voisinage réel, c’est-à-dire un réseau local à densité 100% ; (2) celle que nous pourrions nommée « maille[5] tridimensionnelle » qui consisterait à déployer sur le territoire, de proche en proche, un filet à maille tétraédrique. Remarquons que le réseau tétraédrique de proximité peut utiliser les différentes techniques disponibles : câblage ethernet, CPL, wifi, FO, paire de cuivre, etc …

12             L’application de l’architecture hypertétraèdrique à la sous-boucle locale (SR) paraît simple (et probablement moins coûteuse[6] que de créer ex nihilo un filet à maille tridimensionnelle) en vue de la montée en puissance du réseau internet  pour plusieurs raisons : (1) il est très simple et pratiquement sans coût d’interconnecter entre elles les paires au niveau du SR : d’atteindre la densité 100% du réseau local ; (2) la logistique réseau physique existe déjà ; (3) à partir de l’interconnexion de l’ensemble des paires, il est facile de mutualiser toute la bande passante disponible au niveau du SR à l’instant t ; (4) le cas échéant, il est possible d’optimiser la fréquence du signal numérique en fonction de l’architecture constatée sur le territoire de la sous-boucle ; (5) la gouvernance de la sous-boucle locale peut-être assurée efficacement sans déperdition d’énergie par ses ayants-droit à partir de la qualité, de l’entrecroisement des différents réseaux de voisinage et de la robustesse des relations de voisinage induites. Je ne sais s’il existe un microprocesseur[7] dédié au routage des flux dans un réseau hypertétraèdrique mais la logique m’en paraît assez accessible[8] et, en tous les cas, programmable dans un ordinateur basique.

13             Les choix techniques décrits sont ouverts depuis au moins 1985 et auraient pu être  généralisé au réseau mondial dès l’adoption d’Internet Protocole. Quant au déploiement du filet tridimensionnel, il doit être conçu comme le réseau normal de retour (de bouclage) du réseau de transport afin d’assurer la redondance indispensable aux systèmes complexes et sa robustesse.

03             Efficacité et coût de l’autocontrôle[9]

14             Lorsque nous concevons un système de réseau social, par exemple une entreprise, nous y incorporons a priori un ensemble de processus de contrôle afin de s’assurer que l’activité de chacun s’y effectue normalement et pallier aux dysfonctionnements qui apparaîtraient. Pour peu que le système soit un peu complexe, le coût (en énergie et en monnaie) d’un contrôle exhaustif apparaît assez rapidement prohibitif  et nous conduit à rechercher comment un système de réseau social s’autocontrôle à la fois efficacement et à moindre coûts financier et énergétique. Deux conclusions se font jour rapidement : (1) l’efficacité des réseaux sociaux se dilue très rapidement avec la distance géographique entre les acteurs[10] : (2) ce sont les relations de proximité (de voisinage) qui établissent la robustesse d’un réseau social. Nous pouvons conclure que l’entrecroisement, plus ou moins naturel, des réseaux de voisinage permet l’autocontrôle à moindre coût de l’ensemble des réseaux entrecroisés. 

04             Sérendipité, pollinisation[11] et contribution

15             La sérendipité est le fait de réaliser une découverte inattendue grâce au hasard et à l'intelligence, au cours d'une recherche dirigée initialement vers un objet différent de cette découverte. Pour Robert King Merton, la sérendipité est l'observation surprenante suivie d'une induction correcte. Ce concept discuté est utilisé en particulier en recherche scientifique. (wikipedia)

16             La pollinisation par une espèce animale est le mode de reproduction privilégié des plantes. Il s'agit du processus de transport d'un grain de pollen depuis l'étamine (organe mâle) vers les stigmates (organe femelle) soit par autofécondation, soit par fécondation croisée (le pollen d'une fleur se dépose sur les stigmates d'une autre fleur de la même espèce, processus qui fait souvent intervenir un insecte pollinisateur tel que l'abeille). C'est un des services écosystémiques (notion de mutualisme) rendus par la biodiversité. (wikipedia).

17             Le processus de contribution constate le fait que n’importe quel acteur peut poser sur internet une question qui lui apportera soit une ou plusieurs réponses, plus ou moins pertinentes ; soit pas de réponse. Dans internet, la contribution est une acception réduite du concept « apporter sa part » dont est chargée la sémantique du mot « contribuer ».

18             Le concept de sérendipité permet d’organiser le processus heuristique de mise en œuvre du potentiel de développement de l’ensemble des connaissances et informations stockées par internet : la démarche pourrait être systématique, voire industrielle.

19             La métaphore de pollinisation suggère que toute donnée stockée sur internet dispose du potentiel de provoquer un développement singulier si elle atteint un acteur réceptif. Reste à déterminer les modalités pratiques d’un tel processus qui, pour le moment, repose sur la recherche hasardeuse des informations par les acteurs.

20             Google systématise le processus de contribution en le codifiant et l’industrialisant. Nous pouvons émettre l’hypothèse que le processus de contribution organise a minima pollinisation et sérendipité.

21             Ces trois moyens de valoriser le potentiel internet relève de l’application de l’intelligence sur la ressource universelle des connaissances, datas incluses.

05             Internet est-il un système chaotique ?

22             Tant que le réseau internet mondial reposera  sur des relations hautement asymétriques qui permettent au « centre » de saturer à volonté le réseau de transport par de la publicité et, en général, par des données inutiles, voire toxiques, une telle question n’a pas de pertinence pour construire la puissance de la sous-boucle locale. Afin d’explorer les possibles ouverts par l’économie de la connaissance, préférons construire et gouverner une sous-boucle locale de puissance optimum, quitte à trier les flux chaotiques générés par le pouvoir central. (bernard garrigues, le 11 mars 2012)



[1]                 D’autres raisons, moins claires, de cette focalisation existent.

[2]                 N’importe quel système est qualifié par sa puissance structurelle en kilowatt, par exemple : un moteur de 0,75 kw.

[3]                 Bernard GARRIGUES (2004) Analyse de la valeur des fonctions du monde rural, chap. 2.2 Thèse. Cf : http://www.garriguesbernard.fr/

[4]                 La cellule familiale moderne en est une analogie facile et, par extension, le logement.

[5]                 Mesh

[6]                 Hypothèse non explorée faute de données

[7]                 Il s’agit, en pratique, d’un mini GIX.

[8]                 Les routeurs intranet d’entreprise savent remplir cette fonction.

[9]                 Cf Élinor OSTROM (2010) Gouvernance des biens communs. De Boeck éditeur

[10]               La loi de Coulomb y joue un rôle redoutable.

[11]               Yann MOULIER BOUTANG (2010) L’abeille et l’économiste. Carnets nord éditeur.

lundi, septembre 13 2010

ACTION COLLECTIVE ET DÉVELOPPEMENT


Sabourin E et Antona M. 2003 Action collective et développement, apports d’Elinor Ostrom, in Actes du séminaire permanent Action Collective, Sabourin, Antona, Coudel (eds) décembre 2003, D Rom, Cirad Montpellier, 10p.

Traiter de l’émergence et du fonctionnement de l’action collective dans des contextes de développement renvoie à plusieurs questions récurrentes : comment évalue-t-on l’efficacité de l’action collective ? L’action collective est-elle le produit de choix rationnels ou bien d’apprentissages ? Fonctionne-t-elle suivant des normes ? Qu’est-ce qui fonde la légitimité du groupe agissant ? Pour répondre à diverses attentes méthodologiques ou opérationnelles en termes d’appui aux processus d’action collective, la communication examine d’abord l’apport des travaux d’E.Ostrom. Ostrom définit l’action collective comme la résolution de dilemmes sociaux d’acteurs en situation d’interdépendance. Elle développe une démarche méthodologique qui précise la nature et le fonctionnement des dispositifs de gestion de ressources communes, par l’analyse des « institutions » vues comme des «ensembles de règles mises en pratiques». La seconde partie présente l’application de cette démarche à des processus d’action collective au Brésil et à Madagascar. La troisième partie discute, dans ce cadre, des enseignements et des limites des contributions d’E. Ostrom.

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samedi, avril 3 2010

DYNAMIQUE DU DEVELOPPEMENT LOCAL

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